Il est le nouveau maire de la capitale économique du Burkina. Après avoir servi pendant longtemps dans l’administration territoriale, il a une claire vision et une ambition bien ancrée pour la ville de Sya qui l’a vu naître il y a 44 ans. Bourahima Sanou dévoile ici son ambition pour Bobo-Dioulasso.
Lefaso.net : Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je suis Bourahima Sanou, juriste administrateur territorial, en 1972 à Bobo-Dioulasso. J’étais précédemment secrétaire général du Conseil régional des Hauts-Bassins. J’ai démissionné en mars pour battre campagne pour les élections municipales. Dieu merci, aujourd’hui, je suis élu maire de la commune de Bobo depuis le 20 juin. Je suis marié et père de 7 enfants dont deux jumeaux.
Quelle est votre niveau d’étude ?
J’ai fait mon primaire à l’école primaire à Léguémé, village situé à quelques kilomètres de Bobo. J’ai eu mon CEP 1984. Au lycée Kouroudia, j’ai eu mon BECP, puis le BAC série D au lycée municipal en 1993. J’ai intégré la faculté de Droit de Science politique à l’université avec à la solde une Maitrise en droit- option Droit des affaires.
Après cette formation universitaire j’ai travaillé au Haut-Commissariat de Bobo ou j’ai occupé les fonctions de directeur des affaires générales. Je suis reparti à l’école nationale de l’administration et je suis sortie avec un diplôme cycle A avec option collectivité territoriale. En 2007 j’ai intégré le Conseil régional comme administrateur et précisément en janvier 2008 j’ai été nommé Secrétaire général du Conseil régional des Hauts-Bassins. En septembre 2012, j’ai démissionné pour me présenter aux élections municipales sous la bannière du CDP. Malheureusement je n’ai pas été élu. Je suis revenu comme technicien. Et le président qui a été élu à la tête du Conseil régional en la personne d’Alfred Sanou m’a fait confiance en me nommant secrétaire général en avril 2013.
Qu’est-ce qui vous caractérise ?
Il est souvent difficile de dire ce qui nous caractérise. Ce que je sais de moi, c’est que je suis très proche de la population. J’aime beaucoup les gens de sorte que d’aucuns diront que je n’ai pas de personnalité. On me voit partout, au village, dans les maquis avec des amis, au champ. J’aime beaucoup la culture également, j’adore danser. Mais je suis conscient de mes nouvelles fonctions et les défis auxquels je serai confronté. Je voudrais toujours être avec la population même dans les maquis, mais ça ne saurait être comme avant.
Quelles sont vos ambitions pour le développement de la ville de Bobo-Dioulasso ?
C’est d’ailleurs la question que j’attendais le plus. Fondamentalement j’ai toujours apporté au développement de cette ville que nous chérissons tant. C’est ce pourquoi j’ai opté pour la formation des collectivités territoriales. Je pouvais faire la magistrature ou l’inspection des impôts, etc. Beaucoup de mes promotionnaires sont aujourd’hui de ce corps mais, j’ai choisi d’être un agent des collectivités du territoire depuis 1999. Parce que je veux servir la collectivité. Dieu merci, j’ai été élu maire et j’estime que c’est une opportunité de mettre en action mon plan de développement.
Ma vision première pour Bobo est d’asseoir une légitimité de l’autorité communale. Je suis certes élu démocratiquement, mais la question reste de savoir si les populations trouvent en moi une personne désireuse de travailler. Il faut donc le prouver pour avoir leur confiance et leur adhésion à l’ensemble des projets que nous allons élaborer. Par exemple pour l’assainissement, un des problèmes crucial de la ville. A mon avis l’assainissement à Bobo doit être l’œuvre de la population. Alors si le maire lance un mot d’ordre d’opération de salubrité et qu’elle adhère, c’est une plus-value. Dès qu’on commence à balayer sa chambre, son salon, sa cours, curer les caniveaux devant les domiciles, on aura gagné des millions de F CFA qu’on va investir ailleurs. La première action pour moi est de travailler à l’adhésion des populations.
Je trouve également qu’il n’y a pas suffisamment de réalisations dans la ville. Je ne sais pas comment le budget de la commune était élaboré, mais il y a beaucoup de choses à revoir. Il y a par exemple beaucoup d’études qui ont été faites pour orienter le développement de la ville. Il ne s’agira donc pas pour nous de mener des études pour le plan de développement communal. Nous nous inspirerons de ce qui existe déjà car beaucoup d’études n’ont jamais été exécutées. Heureusement il y a des ambitions pour le financement. Nous avons beaucoup de données qui disent que des investisseurs s’intéressent à Bobo. Ce serait donc pour nous de restructurer l’ensemble des études et les mettre ensemble pour les présenter aux partenaires. Il faut d’ores et déjà préciser que des investisseurs s’annoncent. Ils étaient déçus parce que la commune n’avait pas une vision claire pour certaines réalisations. Très, très bientôt, nous allons aller sur ces chantiers.
Une chose est d’avoir des ambitions, une autre est de disposer des moyens pour relever ces défis de développement de la ville. Quelle sera votre stratégie ?
Il faut d’abord restructurer les agents communaux. Une très grande restauration. L’exemple de la voirie est très parlant dans ce sens. Et je me pose la question de savoir ce que la voirie municipale fait concrètement comme travail. Elle est presqu’inexistante. Il faudra à mon avis mettre l’accent sur l’homme. Il faut que les gens se mettent au travail. J’insiste la dessus car je sais qu’on ne va pas se comprendre là-dessus. En tout cas, celui qui ne veut pas travailler n’a qu’à commencer à se chercher. Parce que nous sommes là pour travailler. DU SG au dernier manœuvre, chacun doit mériter son salaire. Il y a beaucoup d’ambitions et d’ambitieux pour la commune de Bobo. On va les rechercher et leur donner la garantie qu’il y aura une bonne exécution du plan de développement. Le président du Faso, de même que celui de l’Assemblée nationale ont dévoilé les projets qui sont prévus pour la région des Hauts-Bassins et la commune de Bobo particulièrement. Le Président est très sincère là-dessus et ce sera à nous de saisir l’opportunité pour la mise en œuvre réelle de ses promesses.
La composition des conseils municipaux ont fait la part belle aux Sanou. Si bien que beaucoup de bobolais manifestent déjà leur crainte quant à la volonté véritable d’un changement pour la ville. Est-ce que vous pouvez les rassurer ?
A mon avis, les noms Sanou, Sanou, Sanou n’ont pas d’importance. Je n’approuve pas cette façon de voir les choses. J’ai personnellement lutté pour que d’autres ethnies tiennent des mairies notamment dans l’arrondissement n°3. Mais rien n’est perdu. Personnellement l’équipe qui va m’entourer connaitra une forte coloration. Je ne vais pas pour l’heure dévoiler mon plan. Nous avons beaucoup d’opérateurs économiques qui travaillent à Bobo. Et nous verrons s’ils sont là pour travailler avec des Sanou. Je dis cela parce qu’on nous a toujours dit que les autochtones ne peuvent pas développer Bobo. Les anciens nous ont toujours dit que Bobo ne sera développé que par ceux qui sont venus d’ailleurs. Ce n’est donc pas une histoire des Sanou.
Je profite pour éclairer que ce n’est pas les Sanou qui ont voulu forcément que des Sanou soient maire. Beaucoup de conseillers n’ont pas compris le jeu démocratique. Il n’y a pas eu d’organisation. Par exemple dans l’arrondissement 3, il y avait certes des Sanou, en plus de 4 autres candidats de l’ethnie mossi, mais ils ne sont pas compris pour désigner un candidat pour la mairie.
Un message ?
Je voudrais solliciter de tout cœur l’adhésion des populations, il est vrai que cela dépend de nous. Mais nous allons nous mettre au travail en présentant déjà quelque chose de solide pour que les gens approuvent. Nous souhaiterons que les hommes et femmes de médias viennent toujours aux informations. Que l’on soit de la majorité ou de l’opposition, il faudra nous donner la main pour faire de Bobo, la ville tant rêvée.
Bassératou KINDO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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