Combien de fois ont-ils été traités avec dédain, traqués et tués dans le pire des cas ? Ils vivent, pour la plupart, dans la peur et se sentent abandonnés par les autorités du fait de leur « handicap ». Aucune clémence de la part du soleil pour ces personnes souffrant constamment de problèmes oculaires et cutanés. Ils n’ont pas choisi de naitre ainsi. Aujourd’hui 13 juin 2016, c’est leur journée, ou plutôt la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme célébrée sous le thème « Diversité, inclusion et promotion des droits des personnes albinos ». A l’occasion, nous avons rencontré Judith Traoré, journaliste à la radio Liberté.
Albinos et fière de l’être. C’est du Judith tout craché. Derrière ce sourire timide et profond se cache une personne qui a décidé de vivre avec son handicap, de s’adapter, de rester positive. A l’école primaire, la petite Judith attirait les petits curieux. « Chacun venait te toucher ; il y en a même qui essayaient de te blesser pour voir si tu vas saigner. On te tire les cheveux et c’est en ce moment-là que tu te rends compte que vous êtes différents », nous relate la jeune journaliste.
Les albinos sont des mendiants. Les Burkinabè ont longtemps entretenu ce stéréotype et ont oublié que ces personnes avaient des têtes bien pleines et bien évidemment des diplômes. Des juristes, des techniciens en agriculture, des sociologues, ce n’est pas ce qui manque au sein de la grande famille des albinos. Judith Traoré, en plus de son diplôme en journalisme, est nantie d’une licence en relations publiques internationales. Pourtant, les employeurs ont toujours eu la même réaction lorsqu’elle se présente pour un stage. « Même les noirs ne gagnent pas de l’emploi ; pour nous c’est encore grave », dit-elle avec humour.
« On n’est pas assez soutenu », déplore Judith Traoré. Les principaux problèmes des albinos étant d’ordre oculaire et cutané, la disponibilité des crèmes solaires sur commande n’est pas chose aisée. En ce qui concerne la consultation, le patient doit se rendre à l’hôpital trois à quatre fois par an. Elle coûte 2000 F CFA, mais la jeune journaliste s’attriste de voir que certaines personnes, faute de moyens, n’arrivent pas à se faire consulter. Le cancer de peau guette les albinos et chaque année, l’association burkinabè pour l’intégration des personnes albinos (ABIPA) perd deux membres, selon Judith.
« Il faut que l’Etat revoie sa copie ». Les albinos en sont convaincus. Rien ne sert d’attendre la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme pour distribuer des crèmes solaires. « Ce que nous voulons demain, c’est de pouvoir nous prendre en charge, payer nous-mêmes nos crèmes. Et cela passe par l’emploi. A défaut de nous employer dans la fonction publique, qu’on nous permette d’accéder aux prêts », a lancé Judith Traoré.
Herman Frédéric BASSOLE
Vestine Sanou (Stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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