Au Burkina Faso, les jeunes représentent plus de 70% de la population carcérale d’après le ministère de la justice. A l’intérieur des maisons d’arrêt, ils sont le plus souvent exposés à l’inactivité ; lorsqu’ils en sortent, la plupart récidivent. L’Institut des Sciences des Sociétés (INSS), prépare alors les détenus à ‘’une autre vie » après la prison. Les actions de l’institut s’inscrivent dans le cadre du projet« Réinsertion socioéconomique des détenus par l’amélioration des circuits de commercialisation de la production céréalière dans les maisons d’arrêt et de correction de Ouagadougou et Koudougou ». Un atelier de formation en techniques de production végétale au profit des détenus a eu lieu du 17 au 20 mai dernier dans la salle polyvalente de la MACO.

Après avoir formé les formateurs que sont les Gardes de Sécurité Pénitentiaires (GSP) et les agents de l’action sociale aux mois de janvier, mars et avril, respectivement sur les techniques de production végétale, les techniques de réinsertion sociale et les techniques de transcription en langue mooré et dioula ; l’INSS a estimé qu’il était temps que les bénéficiaires des formations partagent aussi leurs connaissances. D’où l’initiative de la présente formation assurée par les GSP en techniques de production végétale.

L’élève devenu maître

Des propos du directeur de l’INSS et coordonnateur dudit projet, c’est un devoir en tant que chercheur de réfléchir et de trouver les solutions aux problèmes qui minent la société et pouvant compromettre son développement. En effet, Dr Ludovic Kibora a indiqué aux détenus que cette formation était la leur, car le projet a été monté, suite à la visite d’une équipe de l’INSS à la MACO.

Il les a invités à s’approprier la formation de quatre jours. Il a aussi manifesté sa satisfaction de voir que les GSP ont acquis un savoir et un savoir-faire dans le domaine de la formation car ils sont passés de l’étape de l’élève à celle d’enseignant. Cela est d’autant plus important que les GSP peuvent continuer à former les détenus, même après la mise en œuvre de ce projet.

La formation sera pérennisée


Pour Joseph Compaoré, inspecteur de sécurité pénitentiaire et directeur de la production pénitentiaire au sein du ministère de la justice, c’est un sentiment de joie et de satisfaction pour l’INSS d’avoir réussi à transformer les GSP en formateurs dont la mission première était la sécurité des détenus.

Il a aussi indiqué que les acquis de ces formateurs seront mis à profit chaque fois que le besoin se fera sentir, pour former les autres détenus de Ouagadougou comme ceux des autres maisons d’arrêt et de correction. Par ailleurs, il a invité les détenus à bien s’approprier cette formation, première du genre, car la suite dépendra de leur comportement.

En rappel, ce projet a été retenu dans le cadre de l’appel à propositions du Fonds compétitif national (FCN) du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO). Il a une durée de trois ans. Son objectif est de renforcer les capacités des détenus dans la connaissance et la maitrise des techniques de production et des circuits de commercialisation des productions céréalières.

Dayamba Francis

Macro-économiste à l’INSS

Dkf88dayamba@gmail.com

Source: LeFaso.net