Les décideurs et leaders d’opinions sur les questions de prévention et de prise en charge des groupes spécifiques vulnérables et à hauts risques dans la lutte contre le VIH/Sida au Burkina sont réunis en atelier à Bobo-Dioulasso à l’initiative de l’ONG Rev+. Objectif : les impliquer dans les actions de sensibilisations pour l’accès à la prévention, aux soins et/ou traitements de ces personnes dites clés. Pendant trois jours – du 23 au 25 mai 2016- des participants venus du Mali, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire et du Burkina identifieront des actions à mener pour mettre fin à l’épidémie du Sida d’ici à 2030.

Le Sida reste toujours une réalité au Burkina Faso malgré les énormes efforts de lutte. La forte mobilisation sociale et l’implication des partenaires techniques et financiers a, malgré tout, permis une baisse considérable du taux de prévalence, passé de 7,17% en 1997 à 0,9% en fin 2014 selon le rapport de l’ONUSIDA. Des acquis ont donc été engrangés, mais, confient les acteurs de lutte contre le sida, d’importants défis demeurent en matière de prévention et de prise en charge globale du VIH et des IST. Et si rien n’est fait, on pourrait assister à un rebond de la prévalence. Pour y arriver, il faut entre autres aboutir à la mise en œuvre des actions de proximité en direction des personnes incarcérées, des enfants, des handicapés, des travailleuses du sexe, et bien entendu des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, ainsi que les utilisateurs de drogue. Malheureusement, ont constaté les acteurs en charge de la lutte contre le sida, l’environnement social au Burkina reste encore hostile sur les questions de l’homosexualité et du travail du sexe. En témoignent les manifestations de mai 2015 des jeunes du secteur 8 – quartier Sikasso-Cira – et du secteur 4 – quartier Kôkô contre l’homosexualité et la prostitution. A cela s’ajoute la tentative d’introduction d’une loi criminalisant l’homosexualité par certaines formations politiques.


Le rapport ONUSIDA 2015 indique que la prévalence moyenne de l’infection à VIH dans la population générale du Burkina est passée de 1,22% en fin 2011 à 0,9% en 2014 et le nombre de personnes vivant avec le VIH est aujourd’hui estimé à 110 000 dont 94 000 adultes et 21 000 enfants de moins de 15 ans. Parmi ces adultes, on note 55 000 femmes. Le rebond de l’épidémie pourrait avoir lieu au sein des groupes spécifiques à savoir les populations à haut risque (TS, HSH, usagers de drogue…), les populations passerelles (personnel de tenue – militaires- les routiers/transporteurs, orpailleurs/miniers…) et les populations vulnérables (femmes, personnes vivant avec un handicap, enfants…)

Mieux sensibiliser des leaders religieux, politiques…


REV+ en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers, à la suite de ces constats sus cités, a initié cet atelier sous-régional avec les décideurs et les leaders d’opinion sur les nouveaux défis de prévention et de prise en charge des groupes spécifiques vulnérables et à hauts risques dans la lutte contre le VIH/Sida au Burkina, en vue de l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre stratégique de lutte contre le Sida et les IST (2016-2020). Cet atelier, à entendre Martine Somda présidente du Conseil d’administration de Rev+, « constitue un défi, mais aussi un pas décisif pour nos décideurs et leaders d’opinion dans leur volonté d’affronter avec sérénité les questions d’accès aux services de prévention, de soins et traitements du VIH de tous les citoyens sans discrimination fondée sur le sexe, la religion et l’orientation sexuelle ». Irène Dabou/ Traoré, représentant le SP/CNLS d’ajouter qu’il faudra « identifier les goulots d’étranglement qui font que les populations clés ne sont pas le plus souvent intégrées au sein de leurs communautés pour bénéficier des offres de services optimaux ».

Il s’agira, pendant ces trois jours, pour les participants intervenant sur la thématique, de rationaliser les interventions auprès de la cible d’une part, mais aussi d’impliquer les leaders d’opinions et les décideurs pour l’accès à la prévention et aux soins de ces personnes clés.


L’atelier de Bobo-Dioulasso permettra de répondre à quatre questions qui sont : Où en sommes-nous ? Où voulons-nous arriver ? Comment ? Avec qui et avec quels moyens allons-nous y arriver ? A terme, REV+ espère entre autres que les leaders d’opinions ont un positionnement neutre et non discriminant, mais aussi, les populations clés sont mieux intégrées au sein de leurs communautés et des services adaptés à leur besoins sont offerts.

Bassératou KINDO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net