Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a animé une conférence de presse ce 3 mai 2016 à Ouagadougou. L’institution s’est prononcée sur différents sujets, comme ceux relatifs à l’audit de la gestion de la transition, à l’affaire des parcelles de la SONATUR. Tout en regrettant que l’audit n’ait pas couvert la période de Yacouba Isaac Zida président, le REN-LAC note que quand les dirigeants se mettent aux avant-postes du pillage des ressources, il leur est difficile de tenir le bâton de commandement en matière de lutte contre la corruption. Les révélations concernant les acteurs de la justice, et les déclarations d’intérêt et de patrimoine des autorités ont été également été abordées.
Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) constate que l’audit sur la gestion de la transition a confirmé que le premier ministre ainsi que d’autres ministres de la transition ont acquis des parcelles, « en violation des dispositions de la constitution », sans compter d’autres manquements, « comme l’illustrent ces décaissements parfois à hauteur du milliard et contre simple décharge, constatés à la primature ».
Pour que les révélations faites par L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) ne dorment pas dans les tiroirs, le secrétaire exécutif adjoint du réseau, Sagado Nacanabo martèle que les manquements doivent faire l’objet d’une répression sans complaisance. Et ces manquement au plus haut niveau de l’Etat font dire au réseau que « quand les dirigeants se mettent aux avant-postes du pillage des ressources et biens, il leur est difficile de tenir le bâton de commandement en matière de lutte contre la corruption et pour le civisme ».
« Toutes les personnes impliquées dans ces manquements, quelle que soit leur qualité, quel que soit leur rang, qu’ils soient des hommes politiques ou des acteurs de la société civile, doivent répondre de leurs forfaits ». Et de façon générale, la gestion du foncier, terreau fertile à l’enrichissement illicite et au blanchiment d’argent sale selon le secrétaire exécutif adjoint du REN-LAC doit faire l’objet d’investigations plus approfondies pour clarifier les attributions des parcelles et de domaines fonciers depuis une vingtaine d’années.
Par le mot de son secrétaire exécutif adjoint, Nacanabo Sagado, le REN-LAC a salué le travail de l’ASCE-LC. Le réseau a ainsi interpellé les autorités sur la nécessité d’opérationnaliser la réforme de l’institution, en la dotant notamment de ressources nécessaires à l’efficacité de ses actions
Le REN-LAC a cependant déploré que l’audit n’ait couvert que la période allant du 1 er janvier 2015 au 31 décembre 2015. « On le sait tous, entre le 1er novembre 2014, date à laquelle le Burkina Faso basculait dans la transition avec à sa tête l’ancien premier ministre de la transition et le 1er janvier 2015, bien de choses ont pu se passer ! », note Nacanabo Sagado qui en veut pour preuve le « traficotage des fonds de la présidence du Faso, allégué par la presse » et qui restent en suspens.
Autre regret du REN-LAC, que la gestion du Conseil national de transition (CNT) n’ait pas été audité. Foi du secrétaire exécutif adjoint, une demande d’audience a été adressée depuis le 2 mars au président de l’assemblée nationale pour aborder le sujet, mais elle est restée sans suite. « La rupture d’avec la mauvaise gouvernance tant clamée, commande des tenants du pouvoir que la reddition de comptes dans la gestion de la chose publique soit traduite dans les faits », souligne-t-il.
Des soupçons de corruption à la justice
Un justiciable aurait déboursé la somme de plus de 77 millions pour obtenir le dénouement en sa faveur d’une affaire en cours en justice. Il n’aurait finalement pas eu gain de cause et a porté plainte. C’est l’affaire d’une escroquerie révélée par la presse depuis quelques temps et qui impliquerait des magistrats, des avocats, des agents de la garde de sécurité pénitentiaire (GSP).
Maillon essentiel de la croisade contre la corruption, le REN-LAC regrette que la justice soit elle aussi gangrenée. D’où son souhait d’un traitement diligent et dans le strict respect des exigences procédurales, de ce dossier et tous les autres en dormance
Se prononçant sur la déclaration d’intérêts et de patrimoine des nouvelles autorités, les conférenciers notent un manque de sincérité concernant la déclaration de patrimoine de certains ministres, tandis que la situation d’autres suscite des interrogations. Bruno Kéré, le chargé de plaidoyer et de lobbying au REN-LAC cite notamment les ministres Simon Compaoré et Alpha Barry. Il ajoutera qu’il est impérieux que les différentes déclarations fassent objet de contrôle et de vérifications.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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