Le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure était face à la représentation nationale ce vendredi 22 avril 2016. Simon Compaoré s’est prêté pour la première fois aux questions des députés sur la sécurité notamment sur la prolifération des groupes d’auto défense dénommés Koglwéogo.

Simon Compaoré, « Chef suprême des Kogl-wéogo » ! Il fallait y penser plutôt et le président de l’assemblée nationale, Salif Diallo, l’a fait. Face aux députés, le « Monsieur sécurité » du gouvernement Paul Kaba Thiéba s’est défendu comme un beau diable sur la question de ces groupes d’auto- défense dont les méthodes et actions divisent l’opinion nationale. A l’hémicycle, les députés sont aussi partagés entre approbation et prudence concernant l’encadrement des Koglwéogo.


« Quel que soit notre bonne volonté, on ne peut pas avoir en nombre suffisant des gendarmes, des policiers pour assurer la sécurité des paysans », a dit Simon Compaoré convaincu que les Koglwéogo sont nés pour répondre à une exigence de survie. Salif Diallo renchérira ses propos en déclarant « les Koglwéogo sont nés des carences de l’Etat. Et chaque peuple libère son génie créateur face à n’importe quel problème qui se pose. Quand, il y a inondation dans un village, on n’attend pas les sapeurs-pompiers pour venir sauver les gens. Spontanément, les gens s’organisent… »

Sensibilisation et encadrement

Les Koglwéogo ne sont pas des saints de par leur méthode d’appréhension et de jugement de présumés bandits. Pour leur « Chef suprême », le gouvernement proscrit les sévices corporels et les amendes qu’ils exigent de leurs victimes. Pour éviter les dérapages, il a toujours prôné la sensibilisation et l’encadrement de ces groupes d’auto-défense que Simon Compaoré se garde de taxer de milices. Toutefois, il a prévenu que s’il s’avère que ceux-ci se comportent comme tel, le gouvernement prendra les mesures qui s’imposent. A ce propos, le ministre d’Etat a annoncé qu’il dirigera une mission, dès lundi, dans les différentes localités où « les Koglwéogo se sont signalés par des actes qui n’honorent pas la République ».

L’encadrement de ces groupes d’auto-défense a été défendu par des députés tels que Alassane Sakandé du MPP qui a reconnu qu’en dépit des efforts déployés par les forces de défense et de sécurité, les Koglwéogo jouaient un rôle important dans les contrées reculées. Pour s’en convaincre, il faut, selon lui, être en milieu rural là où les populations côtoient permanemment l’insécurité. « Délocalisons l’hémicycle ! Allons à Logobou et parlons mal des Koglwéogo pour voir si on va revenir à Ouaga avec nos écharpes », a-t-il lancé à toute l’assemblée.

« Mais celui qui s’amuse, il va se brûler les doigts »


Pour sa part, le président de l’assemblée nationale a salué le gouvernement d’avoir géré avec « une main de velours mais avec fermeté » le dossier des Koglwéogo. Pour lui, les autorités ont su éviter le piège car « il y a des gens qui attendaient que le gouvernement sévisse afin qu’ils puissent récupérer politiquement les Koglwéogo ». Mais comment faire donc pour éviter une récupération politique de ces groupes ? A cette question, Simon Compaoré répond sans détours : « Mais celui qui s’amuse, il va se brûler les doigts ».

Le GIGN français


L’autre question non moins importante soulevée par les députés est celle liée au déploiement du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale française (GIGN) à Ouagadougou. Cette question, rappelons-le, avait suscité de vives réactions de la part de leaders d’opinion qui voyaient en l’annonce de ce déploiement, une violation de la souveraineté nationale. Pour ce qui de la question, Simon Compaoré a rappelé qu’il n’en était rien et qu’il n’a jamais été question et qu’ « il ne sera jamais question d’une unité de la gendarmerie française qui débarque ici au Burkina ». Toutefois, le Monsieur sécurité fait remarquer aux députés que cela n’empêche pas qu’il y ait un partage d’expérience entre les experts des deux pays.

Herman Frédéric BASSOLE

Lefaso.net

Source: LeFaso.net